Une récente statistique démontre que 87% des salariés européens ont suivi l’an passé des formations en tous genres et parmi ceux-ci, près de la moitié (49%) l’ont fait à distance. Ce chiffre n’est pas anodin et va croître au cours des années à venir puisque pas moins de 84% des DRH considèrent que la formation au sein de leur entreprise va vers plus de digital.
En fait, près de deux DRH sur trois (62%) pensent que la digitalisation de la formation constitue avant tout un moyen d’en limiter les coûts et curieusement, 44% pensent que la digitalisation des formations permettra d’individualiser les parcours de formation.
Qu’en est-il réellement ? S’agissant des programmes linguistiques, bon nombre de RH ont été passablement échaudés au cours des dernières années par le blended learning et sont à la recherche du système de nouvelle génération qui proposera la synthèse entre le face à face traditionnel – toujours là parce qu’il demeure le plus efficace – et l‘e-learning de nouvelle génération.
Mais pourquoi ce désamour ? Sans doute lassés d’entendre les uns et les autres leur faire des promesses non tenues, à propos de systèmes e-learning d’auto-apprentissage ou de solutions blended performantes, bien des RH sont revenus vers des méthodes plus traditionnelles : il apparaît que seulement 20% des apprenants sont allés au bout de leur parcours e-learning, si celui-ci n’était pas accompagné.
Pour rester dans l’air du temps, la plupart des centres de formation linguistique ont rapidement intégré – à leur manière – l’e-learning dans les formations qu’ils proposaient aux entreprises. Seulement voilà, une méthode face à face, croisée avec un logiciel e-learning d’auto-apprentissage sans rapport entre eux, n’apporte rien à l’apprenant, bien au contraire. Les RH se demandent pourquoi personne n’a songé à mettre en place un système didactique complet, intégrant face à face et e-learning autour des mêmes thèmes et permettant aux apprenants de passer de l’un à l’autre sans décodeur ou autre jeu de passerelles compliqué.
Comme toute nouveauté, le digital learning (DL) a besoin de temps pour convaincre les sceptiques. Cependant, une fois son utilisation maîtrisée, le DL offre un grand nombre d’avantages : standardisation des processus d’apprentissage, flexibilité dans l’utilisation, monitoring des programmes, toutes opérations qui contribuent à réduire de manière sensible, les coûts de la formation.
Une grande bataille s’organise désormais autour des différents moyens mis à la disposition des entreprises : e-learning intégré, digital learning, rapid learning et autres vidéo training. Les écoles de langues traditionnelles, longtemps restés sceptiques – voire réfractaires – face à l’avènement de ces nouveaux systèmes didactiques ont du souci à se faire, face aux nouvelles enseignes venues d’Allemagne que sont Speexx, Digital Publishing ou Learnship. Quant aux grandes enseignes traditionnelles telles Berlitz, Inlingua ou Wall Street, celles-ci semblent dépassées par ces nouveaux arrivants à l’appétit sans limite.
Mais les ogres du digital learning ne peuvent cependant pas couvrir intégralement le spectre de la formation linguistique. En effet, les RH des entreprises installées en Suisse se méfient de la nouveauté et ont parfois eu vent des déboires qu’ont connu récemment de grands corps de l’Etat, où le blended learning proposé était bien loin d’offrir les services promis: manque de flexibilité et de suivi, programmes trop standardisés, inadéquation entre la partie présentielle et l’e-learning. Il reste donc du grain à moudre pendant quelques années encore, pour les adeptes des programmes dits traditionnels.
A cet égard, la Suisse reste un marché à part pour plusieurs raisons: d’abord le multilinguisme impose aux entreprises la connaissance de plusieurs langues, d’autre part, notre pays et ses industries de pointe reste résolument tourné vers les exportations, autant qu’il reste attractif aux yeux des multinationales venues s’y installer. Le marché des langues demeure qualitatif et relativement stable, même si l’on note quelques légers reculs sur des secteurs tels que la banque ou l’horlogerie.
L’avenir nous dira bientôt si les nouveaux venus parviendront à venir à bout de leurs maladies de jeunesse et continueront à grignoter de nouvelles parts de marché, ou bien si les anciens réussiront à garder leur place au soleil, en comblant les vides laissés par ces formations en digital qui restent malgré tout, généralistes. A suivre donc.